samedi 3 octobre 2015

Conte pour enfant : Le Croque-lune


Le Croque-lune
Comme il se couchait un soir, son papa ferma les volets tandis que sa maman le bordait. Lorsqu’ils furent clos, le petit garçon demanda :
« Dis, papa, pourquoi la lune change de forme toutes les nuits ? D’abord elle est toute ronde et après elle devient de plus en plus petite jusqu’à disparaître ! »
« Ça, mon garçon » répondit le papa « c’est à cause du Croque-Lune. Il en dévore un bout chaque nuit. Puis, il attend qu’elle repousse pour recommencer. »
« Mais pourquoi fait-il ça ? » interrogea l’enfant, curieux.
« Parce que, quand il mange la lune, des miettes de lumière se dispersent un peu partout dans le monde et permettent aux gens de rêver. »
Content et satisfait de cette explication, le petit garçon s’endormit paisiblement.
Durant la nuit, son sommeil le conduisit au pays des rêves où se mélangeaient des champs fleuris et des oursons en peluche, câlins et doux. Un corbeau se posa près de lui et lui dit :
« Ne regarde pas dans le ciel, petit garçon, ou il t’arrivera des ennuis »
Toujours aussi curieux, le jeune enfant n’écouta pas l’oiseau de malheur ou la prudence et leva la tête pour voir de ses yeux ce que son papa lui avait raconter. Dans le ciel, il vit une immense lune qui remplissait la nuit de moitié, éclairant son rêve comme en plein jour. Près d’elle, se trouvait un joli renard à la toison aussi blanche que la neige et qui portait au cou un collier d’argent rutilant.
« Bonjour, petit garçon » dit l’animal au pelage lumineux.
« Tu es le Croque-Lune ? » demanda l’enfant.
« Oui, c’est moi » affirma le renard blanc.
« Dis, pourquoi manges-tu la lune ? »
« Si tu m’apportes des gâteaux et du lait de ton monde, je répondrai à ta question » proposa l’animal de sa douce voix.
Le petit garçon accepta et partit continuer son rêve jusqu’au petit matin.
Le lendemain, avant d’aller se coucher, l’enfant demanda à sa maman s’il pouvait laisser quelques gâteaux et une coupelle de lait sur le bord de la fenêtre pour le Croque-Lune. Amusée, celle-ci déposa ce que l’enfant avait sollicité à l’endroit indiqué. De nouveau heureux, le petit garçon s’endormit.
Dès qu’il fut au pays des rêves, il leva la tête vers le joli renard blanc.
« Je t’ai laissé des gâteaux et du lait » expliqua-t-il.
« Tu as accompli ta part du marché. A moi d’en faire autant. Je mange la lune parce que je suis prisonnier du collier. Il m’oblige à le faire parce que sinon, le soleil finirait par la brûler et les rêves n’existeraient plus. »
« Alors tu n’en as pas envie ? »
« Non, mais grâce à toi, je ne suis plus obligé de le faire. Il est dit que si quelqu’un offre un repas au Croque-Lune, celui-ci prend sa place. »
Comme il disait ces mots, le collier d’argent disparut de son cou pour réapparaître à celui de l’enfant, le liant à la lune à tout jamais. Satisfait de son mauvais tour, le renard s’enfuit dans la forêt voisine en riant. Tout triste, l’enfant s’assit et regarda la lune.
« Je te l’avais bien dit » croassa le corbeau. « Tu as préféré écouter le joli renard plutôt que le vilain oiseau. Tu ne devrais pas juger des gens d’après leur apparence même si tu dois rester prudent et ne pas croire tout ce qu’on te raconte non plus. »
« Je sais. Maman et papa me le disent souvent. Je suis désolé. »
« Ce n’est pas grave » affirma le corbeau. « Tu ne devrais pas être là. Ton ventre ne pourra pas engloutir autant de lune. Chaque chose a sa place. Je vais t’aider. »
« Merci mais comment faire ? » S’inquiéta l’enfant. « Le renard est parti et il ne m’offrira jamais à manger. »
« Ne t’inquiète pas pour ça. J’ai une idée. »
Laissant le petit garçon derrière lui, il s’envola vers la forêt.
Le corbeau était un être respecté et apprécié dans les bois, garant de l’équilibre naturel. Tous les animaux reconnaissaient sa sagesse et sa bonté. Aussi, lorsqu’il leur demanda de l’aide, aucun ne la lui refusa. Il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver le renard blanc qui gambadait gaiement dans une clairière. Tous se regroupèrent autour de lui et lui souhaitèrent une joyeuse liberté. Ils proposèrent même d’organiser tout de suite une fête en son honneur. Heureux, le renard se dandinait avec fierté.
Au fur et à mesure de leurs discussions, les petits animaux commencèrent à lui demander pourquoi il devenait transparent. Le renard n’y prêta tout d’abord pas attention mais il finit par s’inquiéter. Il questionna le hibou en premier.
« Grand hibou, duc des forêts, comment me vois-tu ? »
« Tu es d’un blanc pur et ton pelage semble aussi doux que la neige » répondit celui-ci.
Rassuré, le renard allait s’éloigner quand le volatile ajouta :
« Et tu es presque aussi transparent que l’eau. »
Paniqué, le joli animal courut en demander autant au corbeau dont tous admiraient la sagesse.
« Noir corbeau, détenteur du savoir, comment me vois-tu ? »
« Tu disparais » mentit le deuxième volatile.
« Mais comment est-ce possible ? »
« Tu es né pour accomplir une importante tâche. Sans elle, tu n’as plus de raison d’être. Quand le nouveau Croque-Lune aura fini son premier quartier, tu disparaîtras à jamais »
Affolé, le renard blanc s’enfuit. Il arracha une branche pleine de baies et, la tenant dans sa gueule, il l’amena à l’enfant, espérant que celui-ci n’avait pas trop entamé la lune.
Bien entendu, le petit garçon avait à peine essayé et n’avait plus eu d’appétit après seulement trois bouchées. Le joli animal vint déposer la branche à ses pieds en signe d’offrande. Ainsi, le collier retourna à son propriétaire véritable.
Le corbeau arriva peu après.
« Comment as-tu fait ? » lui demanda l’enfant.
« Il vient simplement d’apprendre comme tu l’as fait auparavant » dit le corbeau en s’adressant au petit garçon « qu’il y a toujours plus malin que soi. »

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